Les chercheurs qui ont participé à ce dialogue entre réalités polythéistes et monothéistes antiques ont interrogé une notion hautement problématique, celle des « identités religieuses ». Dans le monde dit classique, les « identités religieuses » – c’est-à-dire les perceptions d’une singularité de soi ou des autres énoncée sur la base de la représentation d’un référent conçu comme supérieur et des relations construites avec lui – n’échappent pas au principe du collectif. Les affichages identitaires s’inscrivant dans des stratégies de représentation, il s’est agi de comprendre la place et la part de l’identité religieuse dans l’identité sociale, d’établir le lien éventuel entre des affirmations identitaires appuyées et des sociétés ambiantes où la pluralité religieuse fait voisiner identités statuaires et identités choisies, d’examiner si un même sujet adhérent de plusieurs cultes se représente comme porteur d’identités religieuses différentes, d’étudier comment la forme sociale du système religieux de référence (civique, ethnique, universel) intervient dans la définition et les modalités des identités religieuses, et, donc, en prenant appui sur des travaux existants sur les identités juives et chrétiennes, se demander si – et si oui, en quoi ? – l’émergence du christianisme a fait naître une identité religieuse d’un type nouveau.
Collection de la Revue des Études Juives, 47