Résumé
Dans l’ethnographie grecque et romaine, l’idée selon laquelle le milieu géographique détermine le caractère de ses habitants était très répandue. On la retrouve dans le corpus hippocratique autant que chez les philosophes (Aristote) et les historiens (Hérodote, Tacite). La physionomie et les coutumes d’un grand nombre de peuples sont expliquées par les circonstances environnementales. Une exception remarquable concerne les Juifs, à propos desquels il n’existe aucun argument anthropogéographique dans la littérature gréco-romaine. Cette absence peut s’expliquer par le phénomène de la diaspora juive, qui ne permettait pas d’établir des liens simples entre le judaïsme et un endroit spécifique. Quant aux auteurs judéo-hellénistiques, tels que Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe, ils proposent justement un judaïsme qui transcende un territoire donné. Peut-on même parler d’une philosophie de la diaspora juive dans l’Antiquité ?
Intervenant
René Bloch est invité par l’assemblée du Collège de France sur proposition du Pr Thomas Römer.
René Bloch est professeur d’études juives à l’Université de Berne. Après une formation en lettres classiques et langues sémitiques à l’Université de Bâle et à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), René Bloch s’est orienté vers la littérature et l’histoire de l’ancien judaïsme. Ses travaux portent principalement sur le judaïsme hellénistique, en particulier Philon d’Alexandrie et Flavius Josèphe. Il a aussi publié sur l’ethnographie gréco-romaine, l’histoire de l’antisémitisme et le mythe dans la pensée juive. Il est notamment l’auteur de Ancient Jewish Diaspora : Essays on Hellenism (Brill, 2023), Jüdische Drehbühnen (Mohr Siebeck, 2013), Moses und der Mythos (Brill, 2011) et Antike Vorstellungen vom Judentum (Franz Steiner, 2002).