Résumé
Cet article offre un regard sur une forme d’érudition biblique juive qui a reçu trop peu d’attention jusqu’ici: les commentaires sur les commentaires bibliques, ou « supercommentaires exégétiques ». Pour ce faire, on y présente les travaux de savants qui ont entrepris d’expliquer l’un des trois commentaires classiques sur la Torah de Rashi, d’Abraham ibn Ezra et de Moïse ben Nahman. Ces auteurs ont parfois réfléchi sur la nature du genre qu’ils pratiquent. En dépit du fait qu’il s’agit d’écrivains secondaires, ils témoignent souvent d’un sens interprétatif autonome. Participant à la tradition exégétique juive, ils ont cherché à mener leurs lecteurs vers une compréhension particulière des commentaires classiques, en voyant dans le genre du supercommentaire une contribution au savoir, digne de leur énergie intellectuelle et de leurs aspirations littéraires. Les nouvelles idées sur le genre des supercommentaires, conjuguées aux résultats des nombreuses études de cas de supercommentaires dans lesquelles beaucoup reste à faire, commencent à permettre aux savants d’apprécier la place que les supercommentaires exégétiques occupent dans la respublica litterarum hébraïque.
Abstract
This article offers orientation in a form of Jewish biblical scholarship that has received too little attention: commentaries on biblical commentaries, or « exegetical supercommentaries». In so doing, the article introduces a procession of scholars who undertook to explain one of the three classic commentaries on the Torah of Rashi, Abraham Ibn Ezra, and Moses ben Nahman. These authors sometimes reflected on the nature of their chosen genre. Secondary writers though they were, they often evince a sense an autonomous interpretive sense. As participants in the Jewish commentary tradition, they directed readers to particular understandings of the classic commentaries, seeing in supercommentary a contribution to learning worthy of their intellectual energy and literary aspirations. With insights regarding the genre of supercommentaries in hand, conjoined with findings from the many local studies of supercommentaries that still await, scholars can begin to appreciate the place that exegetical supercommentaries occupy in the Jewish respublica litterarum.