Résumé
Le Liber Abraham Iudei de Nativitatibus est un ouvrage d’astrologie écrit en latin, dont on ne connaît pas d’équivalent hébreu et dont les relations avec les écrits d’Abraham ibn Ezra (env. 1189-env. 1160) restent à éclairer. Jusqu’à présent, les chercheurs avaient accès au De nativitatibus presque exclusivement par le biais de la première édition imprimée, faite à Venise en 1485, qui mentionne l’année 1154 comme date de composition de l’ouvrage. On a conclu de cette seule indication que le De nativitatibus avait été rédigé en latin par Ibn Ezra lui-même ou, du moins, avec sa participation active — cette rédaction étant destinée à un public latin. Le présent article brosse un tableau totalement différent de l’histoire du De nativitatibus, prenant en compte les données livrées par la quasi-totalité des témoins manuscrits connus et par des sources inédites à ce jour. On y établira que le De nativitatibus a été initialement composé en hébreu par Ibn Ezra, avant de faire l’objet d’une rédaction latine en 1166, ou peu après, soit après la mort d’Ibn Ezra. Nous montrerons également que le De nativitatibus a en fait été transmis dans quatre versions latines distinctes, l’une d’entre elles étant de la plume de Henri Bate, le premier à avoir traduit en latin un recueil d’écrits astrologiques d’Ibn Ezra.
Abstract
The Liber Abraham Iudei de Nativitatibus is a Latin astrological treatise that has no surviving Hebrew counterpart, and whose affiliation with Abraham Ibn Ezra (ca. 1189-ca. 1160) is unclear. Till now De nativitatibus has been known to modern scholarship almost exclusively through the first print edition, produced in Venice in 1485. Building on the mention in the print edition of 1154 as the date of composition, it has been argued that De nativitatibus was written in Latin by Ibn Ezra or with his active participation for a Latin readership. The present paper presents a totally new picture by taking into account the evidence provided by virtually all the available manuscript witnesses of this text and other unknown sources. It will be shown that the archetype of De nativitatibus was written in Hebrew by Ibn Ezra, that De nativitatibus was composed in Latin in 1166 or slightly later, when Ibn Ezra was no longer alive, that De nativitatibus was transmitted in four very different versions, and that one of these versions was written by Henry Bate, who first translated into Latin a collection of Ibn Ezra’s astrological writings.