Résumé
Bien connu depuis sa publication par E. Baratier en 1951, le texte ordonnant le 18 septembre 1341 le recensement des juifs d’Aix, qui devait préluder au regroupement des juifs de la ville dans un ensemble de rues constituant un quartier assigné à leur résidence, appelle une nouvelle lecture. Aucun des historiens qui ont utilisé ce document n’a relevé que le paragraphe qui prévoit ce déménagement est cancellé et qu’une annotation en marge, reportée en note de bas de page par Baratier, explique que ce morceau de texte a été rayé «quia est in arbitrio». Cette décision n’a été ni prise ni exécutée. Une lettre, adressée le 5 août 1351, au sénéchal de Provence par la reine Jeanne et son époux Louis de Tarente, qui n’est connue que par une copie du XVIIe siècle, incite à nouveau le conseil de ville à regrouper tous les juifs dans un même quartier. Une délibération du 18 mars 1352 décide que les juifs seront tous regroupés dans la rue des Fontêtes et que l’on placera à son entrée des barrières de bois. Encore faut-il noter que ce renfermement reste sur bien des points partiel et qu’il ne suffit pas à garantir la sécurité des juifs.
Abstract
Well-known since its publication in 1951 by E. Baratier, the ordered census of the Jews of Aix-en-Provence on 18th September 1341, which should have anticipated the regrouping of Jews on a number of streets in a constituted Jewish quarter, deserves re-reading. None of the historians who used this source has noted that the passage concerning this relocation was cancelled and that a marginal gloss, reported by Baratier in a footnote, reads ‘quia est in arbitrio’. That decision was neither issued nor executed. In a letter sent by Queen Jeanne and her husband Louis of Tarento to the Seneschal of Provence on 5th August 1351, a document only known through a seventeenth-century copy, the City Council was again exhorted to confine all Jews to a single neighbourhood. On 18th March 1352, a deliberation ruled that the whole Jewish community be moved on des Fontêtes Street behind wooden gates. It is worth noting, though, that this confinement remained incomplete in many ways and did not secure the Jews’ safety.