Le psaume 21 de la Bible grecque des Septante (22 de la Bible hébraîque) est célèbre pour son verset initial «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?», qui est le cri de Jésus sur la croix. Dans la tradition chrétienne ancienne, le psaume 21 en entier est compris comme une prophétie de David au sujet de Jésus, le messie annoncé par les Écritures. Mais, pour les rabbins de l’époque talmudique, la réalisation de la prophétie de David a eu lieu plusieurs siècles avant Jésus, quand la reine Esther a convaincu le roi des rois d’épergner au peuple juif de Suse le massacre projeté par Haman. Pourquoi et comment deux traditions d’interprétation aussi différentes ont-elles pu voir le jour et coexister? Répondre à cette question suppose que l’on prenne d’abord la mesure de la pluralité textuelle du psaume 21, dont le texte hébreu est ici confronté aux versions anciennes, de langues grecque, araméenne, syriaque et copte. Les données de Qumrân et des manuscrits grecs sont prises en compte. La question de la poétique du texte grec est traitée. Ensuite, sont examinées les grandes traditions d’interprétation du psaume 21 : le Nouveau Testament, les sources rabbiniques, qui sont pour la première fois traduites intégralement en français, les sources patristiques. Pour finir, l’histoire des interprétations modernes du psaume 21 est retracée. Neuf spécialistes ont collaboré avec Gilles Dorival pour la rédaction de ce livre.
Collection de la Revue des Études Juives, 25