Résumé
Dans cet article, l’auteur propose une nouvelle lecture d’un texte bien connu de Be-re’šit Rabba, qui rapporte un débat entre l’amora Rabbi Hoshaya (220-250) et un philosophe au sujet de la circoncision. La question du philosophe est la suivante: pourquoi la circoncision n’a-t-elle pas été donnée à Adam? L’argumentation de l’auteur insiste essentiellement sur les points suivants: 1. Rabbi Hoshaya n’a pas de réponse vraiment convaincante à donner à la question du philosophe; 2. Il est donc amené à lui répondre par une autre question; 3. Celle-ci, comme la réponse que lui donne le philosophe, fait référence à des éléments de la culture philosophique de l’époque; 4. La réponse du philosophe peut même être rapprochée d’un texte de l’Éthique à Nicomaque; 5. La question du rabbin n’a pas pour but d’ouvrir la voie vers une réponse à la première question posée. Elle est formulée uniquement pour susciter l’embarras du philosophe; 6. Rabbi Hoshaya savait d’ailleurs fort bien comment le philosophe répondrait à sa question, ce qui lui a permis de maîtriser à l’avance la suite de l’échange; 7. La réponse finale du rabbin, en soi insatisfaisante, apparaît finalement comme bonne par contraste avec l’embarras et l’échec du philosophe.
Abstract
In this article, the author proposes a new reading of a well-known text of Be-re’šit Rabba, which reports a debate between Amora Rabbi Hoshaya (220-250) and a philosopher about circumcision. The question of the philosopher is this: why was circumcision not given to Adam? The author’s argument emphasizes the following points: 1. Rabbi Hoshaya has no really convincing answer to the philosopher’s question; 2. He is therefore led to ask another question; 3. This second question, like the answer given by the philosopher, refers to elements of the philosophical culture of the time; 4. The philosopher’s answer may even contain a quotation from Aristotle’s Nicomachean Ethics; 5. The rabbi’s question is not intended to pave the way for an answer to the first question asked. It is formulated solely to arouse the embarrassment of the philosopher; 6. Rabbi Hoshaya also knew very well how the philosopher would answer his question, which enabled him to control the conversation; 7. The rabbi’s final answer, unsatisfactory in itself, finally appears to be good in contrast to the philosopher’s embarrassment and failure.