Soutenance de thèse de M. Joël Sebban, le vendredi 24 février à 14h30 en Sorbonne salle Duroselle

AUX SOURCES DE LA TRADITION JUDÉO-CHRÉTIENNE
L’État-nation, la Synagogue et les Églises chrétiennes en France deNapoléon a Vichy, 1806-1940Le jury sera composé de :

Monsieur Philippe BOUTRY, Professeur à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sciales (directeur de thèse)
Monsieur Patrick CABANEL, Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études
Madame Rita HERMON-BELOT, Directrice d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales
Monsieur Denis PELLETIER, Directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études
Madame Perrine SIMON-NAHUM, Directrice de recherche au Centre National de Recherche Scientifique

Voici également un résumé de la thèse :

Comment la catégorie « judéo-chrétienne », née dans l’exégèse allemande du début du XIXe siècle, a pu progressivement définir une morale, une tradition et même une « civilisation » dite « occidentale » dans l’entre-deux-guerres en Europe et aux États-Unis ? Nous tâchons de montrer que ces différentes notions sont issues d’un processus complexe de redéfinition des religions juive et chrétienne par l’État-nation, tout particulièrement au sein des nations française et américaine qui ont séparé les Églises de l’État et émancipé, pour la première fois, les juifs sur leurs continents respectifs. La morale ou la tradition judéo-chrétiennes ne sont pas forgées en réaction à un antisémitisme nazi qui nie la judéité de Jésus ou à un communisme soviétique qui se veut athée. Elles ne sont pas non plus le seul témoignage d’une réévaluation des sources juives du christianisme confinée au champ de la critique biblique. La catégorie « judéo-chrétien » signifie davantage que le terme d’« hébraïsme » ou que l’idée d’une tradition « juive et chrétienne ». Le trait d’union renvoie, en France, à la construction d’une égalité institutionnelle entre le culte juif et les cultes chrétiens au regard de l’État et aux processus intellectuels et socioculturels qui l’accompagnent : la filiation entre judaïsme et christianisme antiques est redécouverte sous un prisme particulier qui vient rattacher les communautés religieuses aux valeurs de la France républicaine. L’histoire de la tradition judéo-chrétienne ouvre alors une perspective nouvelle sur la construction de la laïcité française et le processus de sécularisation sur les deux rives de l’Atlantique.How has the category “Judeo-Christian, born in Protestant exegesis in 19th-century Germany, been able to gradually define a tradition, and even a civilization called “western” during the interwar period in Europe and the United States? We try to show that these different notions are derived from a complex process of a redefinition of the Jewish and Christian religions by the Nation-State, particularly the French and American nations which have separated Church and State and emancipated, for the first time, Jews on both continents. The Judeo-Christian tradition has neither been forged out of a reaction to Nazi anti-Semitism which denies Jesus’ Jewishness nor soviet atheistic communism. They are neither the only result of a re-evaluation of the Jewish sources of Christianity limited to the field of biblical criticism. More than the term “Hebraic” or the idea of a “Jewish and Christian tradition” does the category “Judeo-Christian” signify. In France, this hyphenation refers to the construction of an institutional equality between the Synagogue and Christian Churches with regards to the State and to intellectual and sociocultural processes that accompany them: the connection between antique Judaism and Christianity is rediscovered under a particular prism that reattaches both religious communities to the republican values of the French state. The history of the Judeo-Christian tradition therefore opens a new perspective on the construction of French secularism and the secularization process on both sides of the Atlantic.