« In One Sense Easy, in Another Difficult. Reverberations of the Opening of Aristotle’s Metaphysics α ἔλλατον in Medieval and Renaissance Hebrew Literature »

Yehuda Halper

REJ vol. 179, n° 1-2, 133-160

Résumé

Du fait des aléas de sa transmission, au Moyen Âge et à la Renaissance les lecteurs juifs prenaient la première ligne de la Métaphysique α ἔλλατον (qui correspond aujourd’hui au Livre II) pour la première ligne de la Métaphysique tout entière: «L’étude de la vérité est difficile en un sens et facile en un autre sens». Cette phrase s’est imposée comme un topos, cité comme tel dans de nombreuses œuvres en hébreu, et plus souvent encore sous des formes allusives. C’est notamment le cas des Derašot de Nissim de Gérone, du début du Sefer ha-‘Iqarim de Joseph Albo, du Ḥešeq Šelomo de Yoḥanan Alemanno et du Commentaire sur 1 Samuel 8 de Don Isaac Abravanel. Les Dialoghi d’Amore de Judah Abravanel (Leone Ebreo) y font allusion d’une façon qui reflète certaines utilisations antérieures. Ces auteurs se réfèrent à cette phrase afin de rappeler à leurs lecteurs la métaphysique et la science divine d’une manière générale, sans toutefois s’engager dans une lecture détaillée de la Métaphysique d’Aristote. Il ressort de ce genre d’allusions que ces penseurs ont choisi de prendre leurs distances avec la métaphysique aristotélicienne et avec toute théologie qui y trouve son fondement.

Abstract

By an accident of transmission history, medieval and Renaissance Hebrew readers received the opening line of Metaphysics α ἔλλατον (considered in our editions to be Book II) as the opening line of the Metaphysics as a whole: ‘Theorizing about truth is in one sense difficult, in another sense easy.’ This line took on its own iconic status as it was quoted, though more often referred to through literary allusion, in numerous Hebrew works. These include the Derašot of Nissim of Gerona, the opening of Joseph Albo’s Sefer ha-‘Iqarim, the Ḥešeq Šelomo of Yoḥanan Alemanno, and Don Isaac Abravanel’s Commentary on 1 Samuel 8. Additionally, the line is referred to in the Italian Dialoghi d’Amore of Judah Abravanel (Leone Ebreo) in a way that reflects previous uses. These authors refer to this line so that their readers will recall metaphysics and divine science in a general way, even though the texts themselves do not engage with Aristotle’s Metaphysics in significant detail. Such literary references to the Metaphysics highlight the preference of these thinkers to shy away from Aristotelian metaphysics and a theology based upon it.